SFEN ou « l’art de présenter le nucléaire sous son meilleur jour »

SFEN : L’information de référence sur l’énergie nucléaire — Un regard critique

La Société française d’énergie nucléaire.

SFEN se présente aujourd’hui comme « l’information de référence sur l’énergie nucléaire ». Fondée en 1973, cette association loi 1901 rassemble plusieurs milliers d’adhérents — ingénieurs, chercheurs, enseignants, acteurs de l’industrie et passionnés — avec pour mission affichée de développer les connaissances et de stimuler le débat sur le nucléaire en France et à l’international.

La SFEN publie notamment la Revue Générale Nucléaire (RGN), un magazine périodique censé décrypter l’actualité scientifique et technique du secteur, accompagné d’analyses, de données et de rapports sur l’énergie nucléaire.

Un rôle pédagogique… mais pas neutre

Sur le plan formel, la SFEN met en avant une ambition pédagogique : elle propose des ressources techniques, des fiches de synthèse et des événements destinés à éclairer le public et les décideurs sur une énergie complexe. Sa présence dans les médias, ses conférences et ses publications visent à expliquer les enjeux du nucléaire sous l’angle scientifique et économique. Et elle a les moyens financiers !

 

Cependant, cette posture est loin d’être exempte de critiques. Même si la SFEN se définit comme un lieu de dialogue ouvert et non militant, certains observateurs et acteurs du débat public la perçoivent comme un acteur intrinsèquement pro-nucléaire, proche des intérêts de l’industrie. Il n’y a qu’à regarder le Directoire de SFEN pour comprendre !

Entre information et promotion

La SFEN fut historiquement créée pour soutenir l’industrie nucléaire française et les programmes de recherche dans ce domaine. Cette proximité avec le secteur industriel soulève une question centrale l’association peut-elle réellement être un « référent neutre » si elle défend, consciemment ou non, un agenda favorable au nucléaire ?

L’un des reproches les plus fréquents adressés à la SFEN est son ton résolument positif envers le nucléaire, tant dans ses publications que dans ses prises de position publiques. Par exemple, ses fiches « Parler du nucléaire » insistent sur les avantages économiques, industriels et climatiques de l’énergie nucléaire, présentant souvent ces éléments comme des évidences plutôt que comme des points à débattre.

 

Les rapports de la RGN mettent aussi en lumière des sujets comme la relance mondiale du nucléaire ou le rôle stratégique de cette énergie pour la compétitivité industrielle, sans toujours approfondir les critiques courantes liées aux coûts, aux déchets ou aux risques associés.

Critiques externes : neutralité et lobbying ?

Le principal angle critique envers la SFEN est son assujettissement perçu à un rôle de lobby pro-nucléaire. Des militants antinucléaires et certains médias l’ont qualifiée de vecteur de propagande plutôt que d’information neutre. En 2011, des actions éducatives menées par la SFEN dans des établissements scolaires d’Alsace avaient suscité l’inquiétude des autorités académiques, qui rappelaient l’exigence de neutralité dans les contenus fournis aux élèves ! On en apprend tous les jours !?

Par ailleurs, certaines associations environnementales et organisations critiques du nucléaire considèrent que SFEN minimise systématiquement les inconvénients socio-écologiques du nucléaire — tels que la gestion des déchets, les risques d’accident, ou encore les enjeux économiques des nouveaux réacteurs — au profit d’une vision optimiste de la contribution du nucléaire à la transition énergétique.

Un débat nécessaire

Il est important de rappeler que le débat sur l’énergie nucléaire en France est polarisé : 60 % à 64 % des Français estiment que l’énergie nucléaire produit des résultats positifs ou soutiennent la construction de nouvelles centrales, tandis qu’une part significative reste préoccupée par les risques et la sécurité.  Dans ce contexte, une entité qui prétend être une source de référence doit redoubler de transparence sur ses partis pris et ses financements.

Conclusion de l’association « Elektron-Vert ».

En définitive, la SFEN remplit une fonction importante en fournissant des informations techniques et en structurant le débat autour du nucléaire. Ses publications, comme la RGN, sont riches en données et s’adressent à un public professionnel ou curieux. Cependant, affirmer qu’elle constitue une information de référence totalement neutre est discutable.

Les liens historiques et institutionnels avec l’industrie nucléaire, l’accent mis sur les bénéfices du nucléaire, et les critiques issues de la société civile suggèrent que la SFEN se situe davantage à l’intersection de l’information technique, du milieu professionnel nucléaire, et — parfois — du lobbying pro-nucléaire. Dès lors, toute utilisation de ses contenus doit être complétée par des sources extérieures et critiques pour nourrir un débat réellement équilibré mais cela n’est pas pour demain, pourquoi ?

Regardons d’abord qui siège à la SFEN.
Inutile de se voiler la face : les “petits techniciens”, passez votre chemin. À la table, on retrouve les grands patrons : les dirigeants de la DPN, d’Orano, du CEA, le président de Framatome, les directeurs généraux d’ONET, d’Assystem, de Nuvia…
Bref, 
une élite de hauts cadres dirigeants, loin, très loin du terrain.

Alors soyons clairs :
les 
petits esprits, ceux qui pensent encore que l’expérience opérationnelle suffit, n’y ont pas leur place. Vous ne serez jamais à la tête de la SFEN. Et pourtant…
vous, les derniers de cordée, vous qui êtes dans les installations, vous qui prenez les risques, vous qui faites tourner les centrales, vous qui vivez la sûreté au quotidien,

Nous nous sommes amusés chez « Exétron-Vert » à écrire l’inverse de la rubrique « qui sommes-nous de SFEN » et ça donne cela :

« Elektron Vert : Questionner le nucléaire pour ouvrir d’autres futurs énergétiques

Elektron Vert a pour vocation de déconstruire les récits dominants sur l’énergie nucléaire et d’ouvrir l’espace du débat à des approches longtemps marginalisées. Là où certains présentent le nucléaire comme une évidence ou une solution incontournable, Elektron Vert entend réintroduire le doute, la complexité et la pluralité des possibles.

Réfléchir à l’avenir énergétique commun ne peut se limiter à l’examen d’une seule technologie.

Pour Elektron Vert, cela suppose au contraire de mettre en perspective les choix nucléaires, d’en interroger les fondements économiques, sociaux, démocratiques et environnementaux, et d’en révéler les angles morts : dépendance technologique, gestion des déchets, risques systémiques, coûts réels, centralisation du pouvoir énergétique.

Refuser l’entre-soi technocratique

Elektron Vert se situe à distance des cercles technico-industriels qui confisquent trop souvent le débat énergétique. L’association refuse l’idée selon laquelle la question nucléaire serait réservée aux seuls experts du secteur. Elle affirme que l’énergie est un enjeu éminemment politique, citoyen et culturel, qui concerne l’ensemble de la société.

À ce titre, Elektron Vert s’attache à croiser les disciplines — sciences sociales, écologie, économie critique, santé publique, philosophie, droit, territoires — afin de sortir d’une lecture strictement technicienne du nucléaire.

Sortir du récit de la “solution miracle”

Elektron Vert s’emploie à déconstruire les idées reçues qui présentent le nucléaire comme une énergie propre, bon marché, sûre et indispensable à la transition climatique. Sans nier la complexité du sujet, l’association met en lumière les impasses structurelles du nucléaire civil : lenteur des projets, dérives financières, vulnérabilité aux aléas climatiques, héritage radioactif légué aux générations futures.

Plutôt que de chercher à « réenchanter » le nucléaire, Elektron Vert invite à penser l’après-nucléaire, à explorer des modèles énergétiques plus sobres, décentralisés, résilients et démocratiques.

Une information critique, assumée et indépendante

Par ses publications, ses enquêtes, ses événements et ses formats pédagogiques, Elektron Vert revendique une ligne éditoriale clairement critique, sans prétendre à une neutralité illusoire. L’association assume que toute production de savoir est située, et que la transparence intellectuelle vaut mieux que l’affichage d’une objectivité de façade.

L’objectif n’est pas de convaincre à tout prix, mais de donner aux citoyens les moyens de se forger une opinion éclairée, en exposant les controverses, les conflits d’intérêts, les incertitudes et les alternatives.

Un espace de débat, mais sans promotion

Elektron Vert se veut un lieu de discussion ouvert, mais refuse de servir de chambre d’écho ou de plateforme de promotion pour une industrie nucléaire en quête de légitimation sociale. Le débat n’a de sens que s’il ne repose pas sur un déséquilibre structurel entre des acteurs puissants et des voix critiques marginalisées.

L’association s’inscrit ainsi dans une démarche de contre-expertise, attentive aux territoires affectés, aux travailleurs exposés, aux générations futures et aux formes invisibles de violence environnementale.

Conclusion

Elektron Vert ne cherche pas à « réhabiliter » le nucléaire ni à lui offrir un regard neuf, mais à le remettre à sa juste place dans le débat public : celle d’une technologie lourde, controversée, historiquement située, et dont les choix engagent profondément la société.

En cultivant l’esprit critique, la vigilance démocratique et l’exploration d’alternatives énergétiques, Elektron Vert contribue à élargir l’horizon des possibles, là où d’autres s’attachent à en réduire le champ »