Les incidents dissimulés : sous-déclarations et minimisations 

EDF et la déclaration des événements de sûreté : obligations et critiques de sous-déclaration

La sûreté nucléaire repose sur un principe essentiel : la transparence. En France, EDF, exploitant du parc nucléaire, doit déclarer tout événement significatif à l’ASN. Même lorsqu’ils n’affectent pas directement la population ou l’environnement, ces incidents constituent des signaux faibles. Ils permettent de prévenir des accidents plus graves.

La définition et l’importance des événements significatifs

Un événement significatif pour la sûreté correspond à un écart par rapport aux règles d’exploitation, aux procédures ou aux exigences techniques. Il peut s’agir d’une défaillance matérielle, d’une erreur humaine, d’un défaut organisationnel ou d’un non-respect temporaire des spécifications. La réglementation impose que chaque incident soit détecté, analysé et déclaré sans délai à l’ASN. Ainsi, ces déclarations fournissent des enseignements utiles pour l’ensemble du parc nucléaire.

Les limites du processus de déclaration

Plusieurs affaires médiatisées ont révélé des défaillances dans le processus de déclaration. Certains incidents ont été signalés tardivement après des inspections externes. Les dispositifs internes d’EDF auraient dû les détecter plus tôt. Dans certains cas, la qualification initiale des événements était insuffisante, minimisant leur portée réelle au regard des enjeux de sûreté.

La centrale de Fessenheim illustre parfaitement ce problème. Les incidents techniques, liés à des équipements de sûreté ou à des fuites, ont suscité de vives critiques d’associations et d’experts indépendants. Par conséquent, EDF a été accusé d’avoir minimisé la gravité des faits dans ses premières communications. Ces situations ont renforcé le sentiment de défiance du public et montré que l’information transmise n’était ni complète ni suffisamment pédagogique.

Des incidents récents et les enseignements pour la culture de sûreté

D’autres centrales ont récemment été confrontées à des événements révélant des détections tardives de non-conformités, parfois classées au niveau 1 de l’échelle INES. Bien que ce niveau reste faible, il révèle des lacunes organisationnelles, notamment dans le suivi des équipements, la rigueur documentaire et la capacité à anticiper les dérives. L’ASN considère ces situations comme des signes de fragilités dans la culture de sûreté. Pour cette raison, elle recommande de déclarer chaque écart sans crainte de sanctions ou de conséquences médiatiques.

Les enjeux de la sous-déclaration

La sous-déclaration ou la minimisation des incidents crée plusieurs problèmes majeurs. Elle limite le retour d’expérience, essentiel pour l’amélioration continue de la sûreté nucléaire. De plus, elle fragilise la confiance des citoyens, déjà confrontés à la complexité technique et aux enjeux environnementaux. Enfin, elle peut instaurer un climat interne défavorable. Les agents hésitent à signaler des anomalies par crainte de répercussions hiérarchiques ou médiatiques.

Face à ces constats, l’ASN rappelle régulièrement à EDF et aux autres exploitants que la transparence reste un pilier fondamental de la sûreté. Les rapports annuels insistent sur le renforcement des dispositifs de détection précoce et la formation des équipes à la culture du doute. Ils soulignent également l’importance d’une communication honnête, même lorsque les événements semblent mineurs. Pour approfondir ce sujet, consultez notre article sur les pratiques de sûreté dans le nucléaire français.

Conclusion : transparence et responsabilité

Les débats sur les incidents sous-déclarés montrent que la sûreté nucléaire dépend autant de la robustesse des installations que de la qualité des pratiques organisationnelles. La transparence de l’exploitant reste déterminante. EDF, acteur central du nucléaire français, porte une responsabilité particulière dans le maintien de la confiance du public et des institutions. La déclaration rigoureuse des événements de sûreté constitue un outil indispensable pour la prévention et le progrès.

Dans cette perspective, Électron-Vert publiera prochainement plusieurs exemples concrets issus des audits réalisés par Arnaud Begin, président d’Électron-Vert, lorsqu’il travaillait au sein de l’inspection nucléaire. Ces retours d’expérience seront présentés à travers un article détaillé et un podcast. Ils permettront de partager des situations réelles, les enseignements tirés et des pistes d’amélioration pour renforcer une culture de sûreté transparente et efficace.