Épisode 1 – La fuite d’eau sur le site nucléaire du Tricastin : polémique, responsabilités et désinformation
La vidéo publiée par Mediapart, consacrée à une fuite d’eau sur le site nucléaire du Tricastin, a provoqué un fort retentissement médiatique. L’agent à l’origine des images, identifié sous le prénom « Hugo » (nom réel), a largement contribué à ce buzz.
Cette séquence révèle surtout une méconnaissance du fonctionnement d’une centrale nucléaire, tant de la part de son auteur que d’EDF et de l’ASN-R, qui ont minimisé la portée réelle de l’événement.
L’existence de la fuite ne fait aucun doute. La présence d’environ 10 centimètres d’eau est avérée, même si le volume exact n’apparaît pas clairement sur les images. En revanche, l’interprétation qui en est faite soulève de nombreuses questions.
Une fuite interne et des conséquences bien identifiées
L’eau s’est écoulée dans une zone interne de la centrale, probablement le bâtiment des auxiliaires nucléaires. En se répandant, elle a entraîné des particules radioactives présentes au sol.
Une enquête judiciaire a confirmé ce point.
Après l’incident, plusieurs agents du service de « Hugo » sont intervenus pour limiter les dégâts. Ils ont utilisé des raclettes et des éponges, faute de moyens adaptés.
« Hugo », de son côté, n’a pas participé aux opérations. Il a préféré filmer les lieux.
Or, la réglementation interdit strictement toute prise d’image dans ces zones sensibles. EDF aurait donc dû engager des mesures disciplinaires.
Interdiction de filmer : une exigence de sûreté, pas de dissimulation
Cette interdiction ne vise pas à masquer la vétusté du site du Tricastin, pourtant l’un des plus dégradés que j’aie audités. Elle sert avant tout à protéger des équipements sensibles aux ondes électromagnétiques.
Pour cette raison, certains objets, comme les téléphones portables, restent interdits dans les zones contrôlées. Ces appareils peuvent ensuite sortir du périmètre sécurisé.
« Hugo » semble toutefois ignorer ces règles et agir selon ses propres lois.
EDF face à ses responsabilités
Malgré la gravité des faits, EDF n’a engagé aucune sanction disciplinaire. Cette passivité interpelle. Elle suggère une forme de protection accordée à cet agent.
« Hugo » reconnaît lui-même avoir contribué au licenciement de M. Arnaud Bégin, inspecteur EDF ayant audité le site du Tricastin en 2015 et 2018. Il l’a affirmé publiquement.
EDF a pourtant maintenu cet agent en poste. Dans le même temps, l’entreprise a écarté un inspecteur critique.
« Hugo » s’est aussi présenté comme harceleur dans la presse, sans provoquer de réaction institutionnelle.
Médias et éthique journalistique
Des médias comme Le Monde et Mediapart ont présenté ce comportement comme un acte de bravoure. Pourtant, il a directement conduit à la perte d’emploi d’un inspecteur.
Ce traitement médiatique pose une question essentielle : quelle éthique guide ces rédactions lorsqu’elles traitent du nucléaire français ?
La suite de cette analyse paraîtra dans un prochain article.



















